La ville des genêts a renoué cette semaine avec le 4ème art, à l’occasion de ces journées maghrébines, les premières du genre. Le théâtre est de plus en plus présent dans la vie culturelle de la Kabylie. A Amizour, petite Kabylie, vient de se tenir également le 3ème festival Malek Bouguermouh, auquel ont prit part plusieurs troupes de la région.
Des conférenciers d’Algérie du Maroc, de Tunisie et de Libye, des troupes algériennes et marocaines ont animées cette manifestation, qui se tient depuis le 7 et dont la cérémonie de clôture est prévue pour demain. L’engouement du public qui a renoué avec le théâtre, suite à la présentation il y a quelques semaines de « Sinistri », fut sans précédent. Il faut relever aussi que le niveau était appréciable. La première journée fut particulière puisque la troupe du TR de Tizi Ouzou et celle d’Iferhounène (Aïn El Hamam) sont revenues pour présenter successivement « Sinistri » et « Ulac l’harraga ulac » (Pas de harraga). Sinistri est l’histoire d’un mec qui se croyait plus malin que tous, en les trompant, les escroquant…. Jusqu’au jour où il se fait avoir par le plus simple d’esprit qui puisse exister. La morale de la pièce c’est de na jamais se fier aux apparences.
La grande salle de la maison de la culture ne pouvait contenir la foule. Les 3 jeunes filles et 4 jeunes garçons (entre 15 et 20 ans), qui ont interprété cette deuxième pièce, ont été longuement ovationnée. Le public s’est montré ainsi connaisseur Ce qui a fort ému nos comédiens en herbe, qui furent il faut le reconnaître époustouflant sur scène, et digne des grand interprètes.
Les autres pièces n’ont pas été en reste, et la présence d’un nombreux public à toutes les représentations en témoigne. Deux troupes venues du Maroc (Casablanca et d’El hoceïna) ont fait bonne figure avec « Agur » (La lune) et « Tislit n’uzru » (La mariée de pierre). La troupe de Larbaa Nath Irathen est venu avec « Itwaghdar di laamris » (trahi par sa confiance), celle d’Oran avec « Timiqwa n’tmouchouha », celle de Sétif avec « Azdel ilemziyen n’tmurt oussirem », celle d’Aïn Touta (Batna), avec « Tamza ». Le Théâtre Régional de Béjaïa était présent avec la pièce « Uzu n’tayri » (semer l’amour) et celui de Tizi Ouzou avec une 2ème « Business is business », et une troisième pour enfant « Cna ledyur » (chant d’oiseaux). On déplore toutefois l’absence de troupes tunisiennes et libyennes, que les autorités de leurs pays n’auraient pas autorisées à venir.
Côté conférence, on relèvera notamment celle du Dr Faradj Boufekhra « Réalisations et défis du théâtre amazigh » et celle du Dr Fenniche Amadjid « L’exploitation du patrimoine imaginaire dans le théâtre amazigh ».
Ainsi donc le 4ème art amazigh en général et kabyle en particulier, ne cesse de progresser et d’étonner. C’est entre autre, le fruit du travail colossal réalisé par le défunt Mohia. Il faut reconnaître à ce dramaturge, poète, écrivain, traducteur en langue berbère et qui a à son actif pas moins de 20 pièces de théâtre, la paternité du « théâtre berbère moderne ». Il a notamment traduit et adapté deux chefs d’œuvre du théâtre mondial, « En attendant Godot » de Beckett et « L’exception est la règle » de Brecht. Il nous a quitté très tôt à l’âge de 54 ans alors qu’il avait encore tant à donner.
Par Mus