Le sujet n’est pas de faire un bilan de la campagne des candidats, de commenter ce qu’ont dit les uns et les autres. Il n’y a aucun intérêt et il n’y avait pas foule pour aller les écouter. Seulement relever ce qui doit scandaliser tout algérien honnête, sincère et qui n’admet pas que l’on se joue de lui. Au machiavélisme des uns, il faut répondre pour qu’ils sachent que nous ne sommes pas dupes. Ils usent et abusent de notre argent, pour s’acheter une légitimité et se maintenir.
Cette campagne si on peut la nommer ainsi, ne mérite même pas qu’on s’y attarde, tellement elle fut à sens unique, aux yeux et au su de tous, et même des candidats concurrents de Bouteflika. Que faut-il retenir de cette grande fantasia ? Il n’est point nécessaire de parler de programme, pour une campagne marquée surtout par des slogans et des petites phrases pour plaire. La question n’est pas non plus de se prononcer sur la sincérité des uns et des autres, et tous les candidats méritent respects, du moins en tant qu’être humains. Que dire d’une campagne où les institutions et fonctionnaires de l’état, les organisations et associations satellites, les partis qui se partagent le pouvoir, les opportunistes de tout bord, l’argent et les moyens de l’état, et la liste est grande, sont mobilisés pour un seul homme et avec un zèle exaspérant, une indécence et un mépris total vis à vis des autres candidats d’abord ? N’est ce pas scandaleux ? Que dire d’une campagne où on paye les gens pour assister aux meetings, où l’on fait du chantage à des associations, où l’on ramène des sympathisants de n’importe où, et des commis de l’état pour remplir les rues et les salles ? Que dire d’une campagne qui aura coûté des milliards, juste pour faire croire surtout à l’opinion publique internationale, alors que l’issue du scrutin est connue ? On nous dira que des milliers d’emplois ont été crées à l’occasion de cette campagne. Il est vrai que des milliers de personnes se sont fait de l’argent et un certain nombre un bon pactole.
Que dire d’un pouvoir qui piétine le premier la réglementation, en permettant à ses supplétifs de placarder des milliers d’affiches, certaines géantes, d’un seul candidat, partout où il était possible de le faire, même sur les façades des immeubles, rendant les autres candidats invisibles, des hommes et des femmes sans visages ? Après l’élection, il faudra encore débourser pour les enlever et repeindre.
Que dire d’une campagne où Mr. Teguia, président de la commission nationale politique de surveillance de l’élection présidentielle, oublie son rôle, emporté par la fièvre qui s’est emparée des partisans du président sortant ? Toutes les doléances qui lui ont été transmises sont restées lettres mortes. Il n’a ni dénié répondre, ni transmis à qui de droit. Il a même eu le culot d’annoncer lors d’un point de presse, que la campagne se déroule dans des conditions excellentes, et dans l’équité la plus totale. Mais oublie t-il que nous ne sommes pas aveugles ? Il n’est tout compte fait pas différent des autres. Il veut nous faire croire le contraire même d’une évidence, d’une réalité qui s’étale devant nous depuis plus de deux semaines, qui ne passe pas inaperçue puisqu’elle nous agresse. N’est ce pas scandaleux et machiavélique ? Il reprochait à la presse, au début de la campagne, de mépriser les concurrents de Bouteflika, pour les avoir traités de lièvres. Il fait pire, il les ignore royalement au point où trois des candidats, ironie du sort, veulent saisir Bouteflika censé être un candidat comme eux, pour se plaindre de la non prise en compte de leurs doléances. Faut-il en rire ou pleurer ? Ils sous entendraient même de se retirer de la course. Mais à quoi s’attendaient-ils donc ? Ils se plaignent tous, et bien qu’ils se soient trouvés plusieurs fois dans des situations humiliantes (comme quand une ville est bouclée pour recevoir Bouteflika, pendant qu’un autre candidat venu dans la même ville reste bloqué des heures à l’extérieur), ils sont encore tous là.
Le sort de l’élection étant ficelé pourquoi ne pas mettre par décence, le temps de la campagne, les candidats dans les même conditions. Non même pas ça, normal, par tout ce tapage, ce matraquage médiatique et cette omniprésence ils veulent faire croire que tous les algériens sont pour Bouteflika. Ils préparent déjà l’opinion, surtout internationale, au taux qu’ils vont annoncer. Pour que le jour J personne ne soit surpris qu’ils atteignent au moins 90% pour le président sortant. N’est ce pas machiavélique ? C’est pour ça qu’ils ont la hantise du boycott, seul paramètre visible qui peut fausser leurs calculs.
Cette campagne ne semble emballer que ceux qui sont assuré de garder leurs postes ou privilèges avec un troisième mandat, et ceux qui ont été payés pour faire du zèle et un maximum de bruit. Que dire d’une campagne où l’on vante les progrès réalisés ces dix dernières années, alors que le peuple paye la pomme de terre à 70 DA le kilo, l’œuf à 12 DA pièce, le poulet et la sardine à 300 DA le kilo, la dernière des viandes à 650 DA le kilo et la liste est longue. Mr Teguia va encore nous contredire. Et après ça ils osent se montrer, se pavaner, pour nous demander d’aller voter, d’applaudir et puis quoi d’autre ?
Il ne nous restera alors plus qu’à nous prosterner devant nos Sidi, de dire amen à chaque mensonge, et les bénir pour qu’ils nous jettent de temps en temps un os. Car à ce moment là nous aurons cessé d’être des hommes, des citoyens à part entière, nous aurons perdu toute dignité. Et le sacrifice de centaines de milliers de femmes et d’hommes, morts justement pour recouvrer notre dignité d’hommes, aura été vain.
Et parce qu’il y a des algériens qui veulent rester fidèles à ceux-là mêmes qui ont donné leurs vies, en refusant de cautionner le système en allant voter, ils les taxent de traîtres et d’antipatriotes. N’est pas machiavélique ?
Par Mus