Le Rif est une région Berbère du nord du Maroc.
Rif (Arrif) signifie “rivage”. Il s’agit d’un nom latin (Ripa, Ripae), repris en français (Rive), puis en arabe (Al Rif). Un nom à attribuer certainement à sa position géographique au bord la mer méditerranée.
Les populations du Rif et celles de la Kabylie ont plus d’un point commun. Elles sont d’abord Berbères, aux cultures similaires. Elles occupent des positions géographiques semblables, vivant dans les montagnes, au bord de la mer méditerranée. Enfin, leur histoire est faite de résistance à l’envahisseur et d’une forte volonté d’indépendance.
Géographie, population et langue
Le Rif est bordé à l’est par l’Algérie, à l’ouest par l’océan Atlantique, au sud par le moyen Atlas, et au nord par la mer méditerranée.
Histoire du Rif
La guerre du Rif
Mohamed ben Abd El-Krim Al Khattabi, né à la fin du 19e siècle au Maroc, dans le Rif, est l’un des personnages les plus importants de la région. Après des études à Fès et en Espagne, il est emprisonné pour des motifs politiques. Notamment pour avoir refusé la poursuite de la colonisation espagnole au Maroc. Il réussit à s’évader de prison et à monter une armée en réunissant les tribus Berbères du Rif.
Les combattants Berbères enregistrent quelques petites victoires avant que les espagnols ne mobilisent 60 000 hommes pour maîtriser la révolte Berbère du Rif. La célèbre bataille d’Anoual, opposant l’Espagne au Rif a eu lieu en juin 1921. Durant cette bataille, les espagnols perdent entre 12 000 et 16 000 hommes. Une défaite humiliante qui a poussé le général Fernández Sylvestre à se suicider.
Le mois suivant est proclamée la République confédérée des Tribus du Rif. Une situation qui restera stable jusqu’en 1925. Cette année, Abdelkrim (Surnommé Moulay Moh’and) enregistre d’importantes victoires face aux forces françaises qui se replient sur Fès. La France envoie alors le Philippe Pétain (Le Maréchal Pétain) pour mettre fin à la domination du Rif. Les forces alliées (France et Espagne) comptent un demi million de soldats. Des chars et des avions sont également utilisés pour bombarder la région du Rif. Il est également admis que des armes chimiques ont été utilisées par les Espagnols. Aujourd’hui encore le taux de cancer dans la région reste le plus élevé du Maroc.
Abd El-Krim Al Khattabi est contraint à la reddition sous la pression de la population et des combattants du Rif. Il est exilé à l’île de la Réunion. Il décèdera en 1963 en Egypte, où il a réussi à s’enfuir en rejoignant d’abord la métropole.
La République confédérée des Tribus du Rif (1921-1927)
La république du Rif est le premier Etat Berbère de l’histoire de l’Afrique du nord. L’Etat était doté d’un parlement, constitué de chefs de tribus. Abd El-Krim Al Khattabi était le Président de la République. Ce dernier a établi une charte nationale résumant l’action politique du Rif. Parmi les points mentionnés dans cette charte, on retrouvera la volonté du Rif d’établir immédiatement des relations d’amitié avec d’autres pays, une demande de dédommagement aux autorités espagnoles, l’évacuation des espagnoles de l’ensemble du territoire du Rif …
La république comptait les ministères nécessaires au fonctionnement de l’Etat. Les caisses étaient alimentées par l’impôt et la revente de prisonniers espagnols.
1958 – 20.. La lutte pour l’indépendance du Rif
Après la décolonisation, les Berbères du Rif continueront à payer le prix fort leur volonté d’indépendance.
Peu avant la fin des protectorats français et espagnol, Abbas Lamsaadi dirige l’armée de libération. Un mouvement créé pour lutter contre l’occupant. Mais après plusieurs avertissements des marocains pro-négociation, Abbas Lamsaadi est assassiné le 28 juin 1956.
Deux ans plus tard, le Rif se soulève à nouveau, dans une situation nouvelle, celle d’un Maroc indépendant. Cette révolte faisait suite à la fermeture de la frontière algérienne. Les rifains qui passaient la frontière pour travailler s’étaient retrouvés au chômage.
Cette fois, C’est l’armée marocaine, avec Hassan II à leur tête (chef d’état-major avant de devenir roi du Maroc) qui va réprimer la population. Plus de 3000 personnes seront assassiné!
Le Rif deviendra une région marginale durant les décennies suivantes. Dans ce contexte, un très grand nombre de rifain ont émigrés vers la France, mais surtout vers la Belgique et les Pays-Bas.
Depuis octobre 2016, une nouvelle vague de contestation a vu le jour dans le Rif. La mort violente de Mohcine Fikri, broyé par une benne à ordures, a déclenché de grandes manifestations, notamment à Al-Hoceima. Des leaders politiques du Rif, avec Nasser Zefzafi à leur tête, sont emprisonnés. Des vidéos ont fait état d’actes de torture dans la prison de Casablanca.