Pays Touareg
Les Touaregs sont un peuple nomade, Berbère, du Sahara. Ils sont également appelés Kel tamasheq. Tamasheq étant une variation dialectale du mot Tamazight. Ils occupent un vaste territoire de l’Afrique saharienne et subsaharienne allant du sud de l’Algérie, le sud ouest de la Libye, l’ouest du Niger, l’est du Mali et l’extrême nord du Burkina Faso.
Géographie, population et langue
La population Touareg est estimée à 1 500 000 personnes. Historiquement, les Touaregs ne reconnaissent pas les frontières des États, d’autant plus qu’il s’agit d’un découpage colonial. Mais les questions d’immigration et les dispositifs mis en place par les Etats les ont contraints à prendre en compte ces frontières.
Les touaregs sont absents du Maroc et de la Tunisie. Toutefois, ils ont autrefois occupés de nombreuses places de marchés du sud du Maroc. Aujourd’hui encore, certaines tribus nomades s’y rendent pour vendre leurs bêtes.
Les Touaregs parlent le Tamasheq (ou Tamahaq), la variante Berbère du sud de l’Afrique du nord. Il s’agit de la langue la plus proche du Tifinagh. Depuis l’antiquité, les Touaregs ont été les garants de la conservation de cette langue, ce qui a bénéficié à toutes les autres entités Berbères (Kabyles, Chaouis, Rifains, Chleuhs …).
Histoire du Pays Touareg
Il n’est pas facile d’imaginer un climat subtropical, constitué de brousses et de savanes, à l’endroit même où sont situés les déserts les plus arides d’Algérie. Pourtant, c’est dans ce climat (subtropical) que les premiers Berbères ont fait leur apparition. Les gravures rupestres du Tassili N’Ajjer en témoignent. Des gravures rupestres préhistoriques et néolithiques qui nous renseignent sur une civilisation avancée en comparaison à d’autres civilisations africaines (Egypte) ou Européennes. Cette civilisation est celle des protoberbères.
Tin Hinan, reine de l’Ahaggar
Les Touaregs de l’Ahaggar (Hoggar) reconnaissent en Tin Hinan leur ancêtre commun. Elle était leur reine. Son nom signifie “Celle qui vient de loin”. Elle doit ce nom au fait qu’elle a fuit les romains dans sa région natale de Tafilalet (sud du Maroc). Elle a traversé le désert pour s’établir dans l’Ahaggar.
Le régime Touareg est matriarcal. Les femmes participent à la vie politique et sont les garantes de
la transmission culturelle. Ainsi, ce sont les femmes touaregs qui enseignent le Tifinagh. Elles ont donc largement contribué à la conservation de la langue Berbère. Ce qui explique l’importance et le rang de la reine Tin Hinan.
L’histoire de Tin Hinan est de tradition orale, encore racontée aujourd’hui. Mais une mission archéologique en 1925 met à jour la tombe d’une femme portant des bijoux en or et en argent. Les archéologues en concluent qu’il s’agit certainement de la tombe de Tin Hinan. Le corps de cette reine Berbère repose aujourd’hui au Musée du Bardo, à Alger.
La colonisation française
La première révolte Touareg de l’ère coloniale fut celle de Ag Mohammed Wau Teguidda Kaocen. Ce dernier fut l’Amenokal (chef) de la confédération d’Ikazkazan au Niger (une sous-confédération de de Kel Owey). Certaines sources indiquent qu’il était issu d’une famille noble, tandis que d’autres affirment qu’il était d’ascendance servile. Mais ce leader a marqué l’histoire des Touaregs en s’opposant militairement à la colonisation française.
Après quelques tentatives infructueuses en 1910, Kaocen profite de la première guerre mondiale et de la situation fragile de l’armée française pour prendre le contrôle du massif de l’Aïr à la tête de 1000 hommes. Ils garderont ce contrôle pendant plus de trois mois avant l’arrivée des renforts des troupes françaises.
Les français feront près de 130 morts parmi les populations des villages, en guise de châtiment aux rebelles Touaregs.
Dans sa fuite, Kaocen fut arrêté et pendu en 1919 à Murzuk par des forces locales hostiles.
Les Touaregs et les Etats indépendant
Dans l’Afrique des Etats indépendant, les Touaregs seront les laissés pour compte. A partir de 1962, ce sont les Touaregs du Mali et du Niger qui vont manifester leurs désaccords avec les premiers gouvernements des Etats indépendants. De 1962 à 1964, les Touaregs du Mali se soulèvent contre le gouvernement de Modibo Keïta. Ce sont les Touaregs de l’Ifoghas qui déclenchent ce soulèvement. Le président malien réprime sévèrement cette révolte, appliquant la politique de la terre brûlée. Les habitants des Ifoghas continueront donc à payer ce soulèvement pendant les décennies suivantes. Cette répression a eu lieu au Mali mais également en Algérie, le premier président algérien Ahmed Ben Bella ayant donné son accord pour poursuivre les rebelles à l’intérieur du territoire algérien.
En 1990, un nouveau soulèvement Touareg éclate au nord du Mali et du Niger (Azawad). Le soulèvement est mené par le Mouvement populaire de libération de l’Azawad (MPLA), dirigé par Iyad Ag Ghali. Cette révolte va durer 6 ans. Elle s’achèvera en 1996 à Tombouctou avec la célébration de la Flamme de la paix. Durant cette célébration, toutes les armes des rebelles Touaregs sont brûlées. Un Pacte National a également était signé. Il était question dans ce Pacte de l’amélioration de la situation économique des Touaregs.
10 ans après, en 2006, certains rebelles Touaregs estiment que l’Etat Malien n’a pas respecté ses promesses. Une nouvelle révolte éclate, et Iyad Ag Ghali fait partie des dirigeants du mouvement. Un accord est signé la même année à Alger mettant fin aux violences.
Mais c’est en 2012 que les choses se compliquent dans le Pays Touareg. Les violences reprennent et voient arriver un nouvel intervenant : AQMI (Al Qaida aux Maghreb Islamique). Les combattants Touaregs réussissent à contrôler tout le nord du Mali (Tombouctou, Gao et Kidal), mais sont à leur tour repoussés par les Islamistes, qui prennent le pouvoir et instaurent la Charia. La France décide d’intervenir. L’Opération Serval est déclenchée.
L’objectif de l’Opération Serval était de sécuriser la capitale Bamako dans un premier temps, puis de reprendre le nord du Mali aux Islamistes dans un second temps. Ce qui a pu être réalisé. Mais depuis 2012, les maliens ont vécu de nombreux attentats terroristes, attribués aux islamistes.
La vie nomade des Touaregs
Des siècles durant, la vie nomade a considérablement contribué à l’économie nord africaine et jusqu’au moyen orient. Les nomades Touaregs ont transporté les marchandises et pratiqué le commerce, reliant ainsi le sud du grand Sahara à la mer méditerranée, et l’Atlantique au Moyen Orient.
Mais la vie nomade chez les touaregs n’est pas qu’une question économique. Le nomadisme est valorisé. Il est plus noble d’être nomade que sédentaire. De ce point de vue, les nomades sont proches de certains peuples de l’arctique et de hauts plateaux asiatiques. Il s’agit d’un mode de pensée et d’une relation avec la nature, qu’on pourrait qualifier de durable. En effet, en étant nomade, les ressources sont ménagées. Ainsi, le nomade Touareg ne puise d’eau d’une Oasis que le temps de son repos avant de reprendre la route. De la même manière que les Inuits chassaient le phoque de façon raisonnée et courte avant de reprendre la route. Et la notion de protection de la nature est présente chez ces peuples du désert (de sable ou de glace).
Vie nomade ne signifie aucunement anarchie. Les nomades avaient leur mode de partage, de gouvernance et de gestion. Les ressources (pâturages, gibier, eau …) étaient partagées et gérés par les chefs. Le respect des accords étaient indispensables pour la préservation de la paix.
Les Touaregs étaient également conscient du pouvoir social que leur procurait le nomadisme. Plus une personne voyageait, plus elle agrandissait son réseau social et ses compétences, et plus elle était puissante. D’où la vision péjorative du sédentaire (donc pauvre socialement et culturellement). Cette philosophie de vie était enseignée aux plus jeunes. Ces derniers, durant leur éducation, étaient encouragés à effectuer des séjours chez d’autres tribus, les plus éloignés possibles, afin d’acquérir leur savoir. Ce savoir n’était toutefois pas utilisé en l’état mais trié et intégré aux savoir locaux. L’idée n’est pas de devenir quelqu’un d’autre mais de s’enrichir.
C’est la colonisation qui va mettre à mal le mode de vie nomade des Touareg, appliquant
des restrictions, voire des interdictions. Mais ce sont les Etats indépendants
qui vont définitivement pousser les Touaregs à se sédentariser. Les frontières
étant des barrières pour eux.
La cuisine Touareg
Les ressources étant faibles dans le désert, la cuisine Touareg est donc une cuisine simple, à base de blé ou de mil. En fonction des périodes et des événements, s’ajoutent à cette base la viande (chèvre, mouton, chameau), diverses herbes du désert, quelques légumes cultivés dans les oasis, ou du lait de chamelle.
La taguella est incontestablement la base de toute alimentation Touareg. Cette galette de blé ou de mil, cuite dans la cendre et le sable du désert, est consommé seule ou, le plus souvent, trempée dans un sauce épicée.
Voici quelques recettes de cuisine Touaregs
- Recette de Taguella
- Préparer le thé à la façon Touareg
- Tadjine de viande de chèvre