Jamais il nous a été donné de connaître une assemblée nationale aussi opportuniste. Depuis que certaines personnes de l’opposition réclament sa dissolution pour des élections anticipées, une bonne partie, pour ne pas dire la majorité, est prise de panique. C’est que nos « élus » ne veulent pas renoncer, à la trentaine de millions qu’ils touchent mensuellement.
Le premier à réagir, sans avouer sa véritable motivation, fut le président de notre vénérable assemblée lui-même. Il s’en est pris violemment à Louisa Hanoun, la secrétaire générale du parti des travailleurs. Celle-ci pour rappel, était la première à réclamer la dissolution de l’APN lors de la campagne pour la présidentielle, et a réitéré sa demande devant les députés. Craignant que les appels à des élections législatives anticipées trouvent échos auprès de Bouteflika, des députés de l’alliance présidentielle se sont lancé dans une véritable opération de « lèche-bottes ».
L’occasion leur a été donnée, lors du débat sur le programme du gouvernement. Censés intervenir pour donner leurs avis sur son contenu, présenté par Ouyahia, ils n’ont prit la parole, pour faire étalage de la courtisanerie la plus mesquine. Ils ont montré au président Bouteflika une sollicitude digne de sujets à leur roi. Voulant capter son amour- propre comme savent si bien le faire les courtisans, ils ont tous, chacun son tour et à qui mieux, félicité le président pour son troisième mandat, en précisant bien à une majorité écrasante.
Ce n’est pas tout, tous les qualificatifs ont été utilisés pour louer les qualités et les mérites du président. Mais rien à propos du peuple et de son calvaire au quotidien. Caresser dans le sens du poil, pour sauver leurs millions, telle était la seule préoccupation des députés, du moins de la majorité.
On ne sait pas si le président a suivi cette courtisanerie à la télévision. Mais à les entendre, ils se prosterneraient volontiers s’il était devant eux. Le programme est parfait, selon eux il apportera les solutions aux problèmes des algériens. C’est ce qu’ils ont toujours dit d’ailleurs. Pour se donner bonne conscience, certains ont formulé quelques « il faut ceci, il faut cela », comme on en entend depuis 1962.
Sur un autre registre, quelques députés ont appelé à la nécessité de promouvoir Tamazight en tant que « patrimoine propre » à tous les Algériens. Pour ce faire, ils ont parlé de la mise en place d’une Académie, pour le développement de cette langue nationale. La réplique indirecte ne s’est pas faite attendre, et elle est venue d’autres députés champions du panarabisme. Ces gens-là si allergiques au mot « Tamazight ». Ils ont salué l’entrée en vigueur de la loi portant arabisation des documents du secteur de la justice. Et comme pour provoquer, enfoncer encore un plus le clou, ils ont appelé à généraliser l’opération à toutes les administrations. Ils considèrent que c’est aussi une opportunité de créer des emplois, pour les centaines des diplômés universitaires en traduction. Comme quoi le ridicule ne tue pas !
Mais la meilleure de toutes, fut l’intervention d’un député FLN, à côté de la plaque. Comme si c’était une préoccupation des algériens, il a suggéré de carrément supprimer la mixité dans les écoles. Sinon tout va bien, il n’y a que ça qui le gêne. Installé tout en haut sur un nuage, avec une rente mensuelle de 30 millions de centimes, peut-il voir la misère et la mal vie du petit peuple ? Décidément nos députés, censés représenter le peuple, sont majoritairement loin, très loin de ses préoccupations. Comment des gens pareils sont-ils arrivés dans l’hémicycle de l’APN ? Propulsés pour la plupart, juste pour approuver en levant la main. C’est pourquoi dès qu’ils ouvrent la bouche il en sort n’importe quoi, sauf quelque chose de sensé. Ce lundi encore, exception faite des députés du PT et du RCD, ils ont tous levés la main. Ils ont longuement applaudi pour les narguer, l’approbation du programme.
Démétrios le général Macédonien (Vers 330-280) avait bien raison de dire: « Les livres ont plus de courage que les courtisans, pour dire la vérité au roi ».
Par Mus