La Kabylie est une région Berbère du nord de l’Algérie. Si les frontières de la région ne sont pas clairement définies, elle englobe néanmoins les départements de Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira, Boumèrdes, Jijel, et une partie des départements de Sétif et de Bordj Bou Arreridj.
La région de Tizi Ouzou est appelée “Grande Kabylie” tandis que les régions de Béjaïa et Jijel sont appelées “Petite Kabylie“.
Le mot “Kabyle” viendrait du mot arabe “Al Qabaïl” qui signifie “les tribus”. Ce mot a ensuite été Berbérisé pour devenir “Leqbayel”. Ce nom est essentiellement du à la configuration de la région de la Kabylie : une région montagneuse ou la population est organisée en villages perchés près des sommets.
Géographie, population et langue
La Kabylie compte une population de 6,5 millions d’habitants. Elle est une région algérienne majeure de part ce chiffre, la culture et l’histoire qu’elle porte.
La principale langue parlé est le Kabyle, qui est une langue Amazigh riche de 6 millions de locuteurs. Après le Chleuh, c’est la langue Berbère la plus parlée en Afrique du Nord.
Depuis 2016, la langue Tamazight est une langue nationale et officielle en Algérie.
La Kabylie est une région montagneuse entourée par la mer méditerranée au nord, les plaines agricoles à l’est et à l’ouest, et par les hauts plateau de l’atlas au sud.
Histoire de la Kabylie
L’histoire de la Kabylie n’est faite ni de frontières, ni de dirigeants mais d’une culture et d’une langue qui se sont maintenus au fil des millénaires.
L’antiquité en Kabylie
D’une organisation tribale mais avec un système démocratique basé sur des élus locaux, la région a construit son identité autour de la résistance aux envahisseurs. Durant son histoire, l’occupation des terres Kabyles a fortement variée en fonction des occupations. En période de colonisation, les populations Kabyles se retranchés dans les montagnes du Djurdjura, inaccessibles pour l’ennemi. En temps de paix, ils occupaient à nouveau les plaines et le littorale.
Durant l’antiquité, la Kabylie voit défiler Romains, Vandales et Byzantins. Si dans les plaines, la christianisation a été importante, les montagnes demeurèrent des lieux de résistances et les envahisseurs successifs se heurtèrent à d’importantes luttes comme celles de Tacfarinas ou de Firmus.
Les Byzantins ont précédés les Arabes mais se sont heurtés à une région (Afrique du Nord) trop diverse pour exercer leur pouvoir. L’étendue et la variété des territoires, et la diversité religieuse et culturelle sont en grande partie responsables de leur échec.
Cette période se clos par l’arrivée de l’Islam et par la résistance de Kociela puis de Kahina. Une nouvelle ère commence pour l’Afrique du Nord et pour la Kabylie.
La Kabylie et l’Islam
Comme les précédentes incursions, celle des guerriers Arabes s’est heurté à de nombreuses résistances. Les territoires ont été occupé de façon inégalitaire. Les régions les plus inaccessibles restant sous autorité Berbère.
Cependant, ce ne sont pas les Arabe mais l’Islam qui va réussir là où de nombreux peuples ont échoué. Il progresse rapidement dans toute l’Afrique du Nord et en Kabylie. Certains éléments jouèrent en sa faveur comme le système fiscale très inégalitaire mis en place par les Byzantins. Cette inégalité abrogée par les musulmans va convaincre de nombreux Kabyles à se convertir.
En 740, d’autres questions poussèrent les Berbères en général, et les Kabyles en particulier, à se révolter contre les troupes Arabes. L’esclave fait partie de ces raisons. Les troupes Arabes Sunnites perdent une bonne partie de l’Afrique du Nord. Cette période voit la Kabylie reprendre son destin en main.
Les siècles suivants sont une alternance de dynasties Chiites et Sunnites.
La colonisation française
La prise d’Alger a lieu le 5 juillet 1830, après seulement 21 jours de combat. Cette défaite sonne le glas de la domination ottomane en Afrique du Nord. Le dey d’Alger Hussein signe la reddition et les français entrent dans Alger le 9 juillet 1830.
Si la France a pris Alger en 21 jours, il lui faudra 42 ans pour venir à bout de la Kabylie. Les révoltes de Lalla Fatma n’Soumer et de Cheikh el Mokrani dureront jusqu’en 1872.
L’administration française découvre le système démocratique Kabyle (Tajmâat) et l’Islamisation moins importante de la région. Elle y envoie des missionnaires Chrétiens dans le but de christianiser la Kabylie. Mais cette pratique ne fera que maintenir la rébellion, les Kabyles y voyant une tentative de déracinement.
On y met en place l’école française, le système démocratique Kabyle est favorisé. Ces choix vont durablement marquer l’Algérie. Car la Kabylie voit naître une génération d’intellectuels laïques qui, pendant la guerre d’Algérie, sera en désaccord avec les pro Etat musulman. C’est ainsi que Ramdane Abane et Krim Belkacem seront assassinés par le FLN.
Les Kabyles contribuent largement à la naissance des premiers mouvements nationalistes, aussi bien en Algérie qu’en France. Au début du 20e siècle, quelques 13 000 Kabyles vivent et travaillent en France. Ils y fondent de nombreuses associations aux idées nationalistes.
Le FLN et l’ALN voient le jour en Kabylie. Région qui deviendra une pièce maîtresse de la résistance et de la naissance de l’Etat Algérien. Avec les Aurès, ces deux régions inaccessibles aux nombreux maquis paieront le prix fort en pertes humaine. La répression y est sanglante et les résistants nombreux. l’ALN compta jusqu’à 12 000 hommes en Kabylie. Les femmes ont largement pris part au combat, notamment dans le renseignement.
A l’indépendance, la Wilaya lll, celle de la Kabylie, est confrontée aux volontés arabo-islamistes des dirigeants de la Wilaya lV (Alger). De violents combats éclatent, faisant plus de 1000 morts. Ce n’est qu’en octobre 1962 que Mohand Oulhadj, successeur du Colonel Amirouche, donne les clés et les trésors de la Kabylie à l’administration algérienne, sous l’autorité de son premier président, Ahmed Ben Bella.
1980 – 20.. La lutte pour l’identité Kabyle
Les années qui suivent l’indépendance de l’Algérie sont marquées par une répression sanglante en Kabylie, et la création du Front des Forces Socialistes (FFS) avec à sa tête Hocine Aït Ahmed. L’ANP est mise en cause dans le décès de plus de 400 personnes.
Il faudra attendre 1980 et l’interdiction d’une conférence de Mouloud Mammeri pour la Kabylie s’embrase. En Kabylie, notamment à Tizi Ouzou, et à Alger, les manifestations sont nombreuses, suivies d’émeutes et de grève. La principale revendication est l’officialisation de la langue Berbère. On l’appellera “Le printemps Berbère”.
La fin des années 80 voit naître un nouveau mouvement politique en Kabylie, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) avec à sa tête Saïd Sadi.
Dans les années 90, la politique d’arabisation de l’Algérie, qui connaît durcissement, suscite le rejet en Kabylie. Les écolier connaîtront une année sabbatique et la lutte culturelle Berbère est importante.
En 1998, suite à l’assassinat du chanteur populaire Matoub Lounès, la Kabylie s’embrase à nouveau. Et trois ans plus tard, en 2001, le jeune Massinissa Guermah est assassiné dans l’enceinte d’une gendarmerie. La Kabylie connaît alors plus d’un an de manifestations, de grèves et d’émeutes sanglantes. Cette période sera gravé du chiffre 123, le nombre de morts en Kabylie.
D’autres villes rejoignent le mouvement. Ainsi, Bouira, Jijel, Bordj Bou Arreridj et Sétif qui étaient restés jusque là à l’écart des contestations se soulèvent à leur tour.
Un nouveau mouvement né de ces événements, le mouvement des Aarchs (ou l’Arouch). La plateforme d’El Kseur est rédigée et inclus à la fois des revendications culturelles et démocratiques.
Les violences sont telles que le gouvernement est contraint de négocier avec les Aarchs. En 2002, Tamazight est reconnu langue nationale.
En parallèle, un autre mouvement voit le jour en Kabylie, le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK). Le mouvement est créé et dirigé depuis par Ferhat Mehenni.
Mais la reconnaissance définitive de la langue Berbère n’interviendra qu’en 2016. Une révision de la constitution la consacre langue nationale et officielle.
La maison traditionnelle Kabyle
La cuisine Kabyle
La cuisine Kabyle, au même titre que toutes les cuisines Berbères, est une cuisine simple. On pourrait presque la qualifier de cuisine végétarienne tant la viande n’est consommée que lors des grandes fêtes. Les aliments utilisés au quotidien sont les céréales (blé ou orge), les légumes et les graisses (essentiellement de l’huile d’olive).
La difficulté d’accès aux villages Kabyles a favorisé la conservation de la cuisine Kabyle. Ainsi, elle a connue très d’influences, y compris d’influences Ottomane ou Française, contrairement aux autres régions d’Algérie ou la cuisine est très proche de la cuisine turque.
Quelques recettes de cuisine Kabyle
- Tamtunt (Galette Kabyle levée)
- Aghroum Aquran (Galette Kabyle)
- Aghroum s levsel (pain à l’oignon)
- Couscous Kabyle (Ameqful)
- L’omelette Kabyle