S’appuyant sur des écrits du « Le Pape Saint Gélasse1er, étude sur sa vie et son œuvre » (1880) de A. Roux, « Le Berbère … lumière de l’occident » (1990) de Vincent Serralda et André Huard, du « Décrétum Gélasium, journal of the ecological studies» (1913), Dahman At Ali professeur chercheur à l’université de Pise (Italie) nous éclaire sur un pan de notre histoire, une histoire dont nous devons êtres fiers, car elle a bien contribué à la civilisation mondiale.
Nous écrivions déjà il y a quelques mois dans ce même site, que la démocratie serait née en Kabylie. Mais il ne nous est jamais venu à l’idée de faire un lien avec la laïcité. Quand on repend de près l’organisation des populations kabyles en particulier et Berbères en général, on constate qu’elle était en avance sur toutes celles qui existaient de par le monde. Tajmaât (assemblée du village) était un modèle d’organisation qui a permis de maintenir la cohésion sociale des populations des différents villages, grâce à deux pouvoirs bien distincts et séparés. D’un côté il y avait celui qui concernait les pratiques religieuses, les rites, incarnés par une ou plusieurs familles appelées « Imravden » (Les marabouts) représenté par le cheikh ou le taleb. Ce pouvoir se transmettait d’une manière héréditaire. De l’autre, il y avait le pouvoir civil, temporel, séculier (neutre sur les questions de religion), incarné par un groupe d’individus issus de l’assemblée (tajmaât) du village. Cette assemblée était alors composée de ce qu’on appelait « Ihariyen », ou en terme moderne « les laïcs ». Notons que cette forme d’organisation a survécu au Judaïsme, au Christianisme et à l’Islam. On sait que la société kabyle même islamisée, n’a retenu de l’Islam que ce qui était conforme à la laïcité. C’est pourquoi l’Islam pratiqué durant longtemps en Kabylie, différait de celui pratiqué dans le reste de l’Algérie.
Le premier à avoir formulé ce concept de laïcité, était le Pape Gélasius 1er (en latin) ou Gelasse (en français). Seulement beaucoup ignorent que ce pape était Berbère, et qu’Aghiles (Lionceau en Kabyle) était son vrai nom. En l’an 494, il a adressé une lettre à l’empereur byzantin Anastase, où il était question de la distinction entre le pouvoir temporel et le pouvoir religieux, comme pratiqués dans la société kabyle. C’est ainsi que tout comme le concept de démocratie, celui de laïcité est parti de Numidie pour devenir universel. On continue à les attribuer à tord à la Grèce antique et à l’Occident.
Dès 1962 le pouvoir algérien n’a cessé de détruire toutes les structures traditionnelles de Kabylie, en cherchant à les remplacer par d’autres. La Kabylie qui a de tout temps revendiqué la séparation des pouvoirs, est devenue la cible privilégiée des salafistes, notamment ces dix dernières années. De grands moyens sont utilisés (on se rappelle des milliers de copie du Coran en Français et en Tamazight distribués par l’ambassadeur d’Arabie Saoudite en 2009 en Kabyle). Le but est de détourner la Kabylie des ses valeurs ancestrales. Le concept même de laïcité est présenté par ces gens là comme « kofr » (péché).
Par Mus.